Venu pour consoler et soulager un peuple qui souffre
La République démocratique du Congo fait partie de l’une des plus anciennes missions de notre congrégation. En suivant le pape François lors de sa visite en RDC, nos confrères du Congo ont découvert un Pape François ‘’dehonien’’.
Le mardi 31 janvier 2023, la République Démocratique du Congo, presque trente-huit ans après la visite du Pape Jean-Paul II, a eu la grâce d’accueillir Sa Sainteté, le Pape François. Faisant suite à l’invitation des autorités congolaises, ce dernier est venu pour consoler et soulager un peuple qui souffre. Il est venu leur apporter un message de réconciliation, de pardon et de paix. Dès son arrivée à l’aéroport de Ndjili à Kinshasa, un accueil digne de son rang lui a été réservé, et par le Gouvernement de la R.D. Congo, et par les autorités de l’Eglise Catholique du Congo.
« Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo »
Dans son intervention face aux autorités congolaises, à la société civile et au corps diplomatique, Le Saint Père a comparé le Congo à un diamant, l’une des matières précieuses de ce deuxième plus grand pays d’Afrique, après l’Algérie. Mais il a ensuite souligné que les hommes et les femmes congolais sont plus précieux que le diamant. Condamnant avec la dernière énergie les actes de violences perpétrées par des rebelles pendant des décennies, à l’Est de la RDC, occasionnant le bain de sang de millions de congolais, sans que cela n’interpelle beaucoup, le Saint Père a crié: « Retirez vos mains de la République Démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. »
Une messe historique – un message aux jeunes
Au cours de la messe célébrée le 01er février, en présence de plus ou moins deux millions de personnes, le Souverain Pontife a invité les fidèles chrétiens à devenir des artisans de paix. A cette occasion a particulièrement interpellé les jeunes. Il les exhorte à prendre en main non seulement leur avenir, mais aussi leur présent, en suivant les cinq conseils tirés de l’anthropologie des cinq doigts de la main : la prière (le pouce), la communauté (l’index), l’honnêteté (le majeur), le pardon (l’annulaire) et le service (l’auriculaire). Le Pape considère la prière comme « l’eau de l’âme », car elle donne la vie. Par elle, le jeune mûrit intérieurement et sait lever le regard vers le haut, se souvenant qu’il a été fait pour le ciel ; grâce à la communauté, il apprend à vivre en harmonie avec soi-même et est appelé à découvrir la beauté de se laisser émerveiller par les autres, par leurs histoires et leurs expériences. Par l’honnêteté, le jeune ne doit pas se laisser prendre au piège de la corruption. Le pardon. C’est accepter l’idée que personne n’est fait parfait et que non seulement moi, mais tout le monde, a le droit de repartir. Il est toujours possible de pardonner. Le service. Bien que pour servir il faut se faire petit, le jeune doit apprendre à servir les autres, à prendre soin d’eux, à faire les choses gratuitement, comme Dieu le fait pour nous.
Rencontre avec les victimes de la rébellion de l’Est
Le Pape François a eu aussi le temps de rencontrer les victimes de la rébellion de l’Est de la RDC pour les écouter, les consoler et demander pardon à Dieu pour les atrocités que certaines personnes sans âmes commettent envers les innocents. Il a de nouveau haussé le ton pour que cessent ces actes de barbarie.
Le témoignage de l’Eglise
Aux consacrés, le Saint Père a demandé de servir le peuple comme témoins de l’amour de Dieu. Il les a, cependant, invité à braver trois grands défis, pour être des véritables serviteurs des peuples. Il s’agit de la médiocrité spirituelle, du confort mondain et de la superficialité.
Aux pères évêques, le Souverain Pontife a demandé de hausser la voix face à l’injustice, même si cela est risqué.
Un Pape François spirituellement dehonien
Comme Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus (Dehoniens) en R. D. Congo, cette visite du Pape François a eu une portée tout à fait particulière. Car, les thèmes abordés par le Saint Père, notamment la réconciliation, le pardon, la justice face à la souffrance multiformes du peuple congolais, le réconfort à donner aux victimes des violences, la paix à restaurer, touchent le cœur notre spiritualité dehonienne d’Amour et de Réparation. En effet, le Vénérable Père Jean Léon Dehon, Fondateur des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus, à son temps, a beaucoup lutté contre les injustices sociales et autres formes d’exploitations de l’homme par l’homme, afin d’instaurer une société plus juste et fraternelle. Pour lui, ces injustices entre les hommes signifient un refus d’amour de Dieu, qui nous a aimé et s’est livré pour nous (Gl 2, 20). La réponse à cet amour méconnu, c’est la « réparation » ou la réconciliation. Et la dimension du pardon évoqué par le Pape lors de ses interventions nous renvoie à la réparation. Puisqu’il n’y a pas de réconciliation (réparation) sans pardon. Ce dernier nait des blessures. Il naît lorsque les blessures subies ne laissent pas des cicatrices de haine, mais deviennent le lieu où faire de la place aux autres et accueillir leurs faiblesses. Dans ce cas, les fragilités deviennent des opportunités et le pardon devient le chemin de la paix, affirme le Saint Père lors de son homélie du 01er février à l’aéroport de Ndolo, à Kinshasa. Ainsi, c’est en travaillant en communauté, nous pardonnant mutuellement que nous parviendrons au Sint Unum (vie communautaire ou fraternelle), aspect qui apporte la joie de vivre à tous et chacun. Et pour y parvenir réellement, le Successeur de Pierre nous invite, surtout nous, personnes consacrées, à aller à la rencontre de l’autre, à « sortir de nos sacristies ».
Que le Sacré-Cœur de Jésus nous aide à nous rapprocher davantage de nos de frères et sœurs, surtout les plus démunis, pour leur apporter consolation et soulagement. Qu’il nous donne la force de ne pas rester indifférents face aux injustices et aux violences infligées innocemment à nos frères et sœurs.