21 mai 2024
21 mai 2024

Sint unum : chimère ou réalité ?

On ne peut pas penser à la vie sociale sans évoquer la notion d'unité. C'est dans cette veine que s'inscrit cette réflexion qui vise à repenser la vie communautaire dans une perspective africaine

par  Nicolas Nkeronki Mbemi, Scj

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On ne peut pas penser à la vie en société sans évoquer la notion d’unité. C’est dans ce sillage que s’inscrit cette réflexion qui vise à repenser la vie en communauté. Loin d’être une leçon de morale, cette réflexion est l’émanation de notre observation de la manière dont les humains partagent actuellement leur vie en société. Ce constat est parti d’un questionnement sur le sens du notoire égoïsme qui, à l’heure actuelle, semble prévaloir sur le sens du partage. De plus, cette mentalité d’autosuffisance sème la division entre les hommes. Au lieu de construire des ponts de fraternité, elle érige les barrières qui séparent les êtres humains. C’est pourquoi nous avons recours à l’Église et à la culture africaine pour faire comprendre aux humains que la vie est à partager avec les autres.


La réalité du monde actuel fait croire à l’homme qu’il peut s’auto-suffire, à condition d’être matériellement et financièrement comblé. Le fait de compter sur l’aide de l’autre semble devenir un discours de dépendance et de servitude de son semblable. D’où les déchirures sociales de toutes les couleurs qui émaillent la société moderne, laquelle société voudrait se reposer sur l’individualisme, avec la conviction que chacun voudrait se rassurer qu’il n’a rien à attendre ni à donner à son prochain. Dans cette perspective, le discours sur l’unité et la fraternité semble être injustifié et inadéquatà la réalité de l’homme moderne. En ce sens, cette thèse d’individualisme suscite une grande inquiétude au sujet du devenir de la société en même temps qu’elle soulève une série d’interrogations qui met au défi le sens de l’unité. On peut les formuler ainsi : Qu’est-ce que l’unité ? L’unité, n’est-elle pas une illusion ? L’unité est-elle encore possible de nos jours ? Dans les lignes qui suivent, nous tâcherons de répondre à ces questions.

La fraternité : chimère ou réalité ?

« Afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en toi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous »… (Cf. Jean 17, 21a). L’appel à l’unité de tous vient de Jésus, comme nous le rapporte Jean l’évangéliste. En effet, dans sa prière sacerdotale, le Christ a demandé au Père de garder ceux qui ont cru à son message dans l’unité, afin qu’ils soient un, comme lui, il l’est avec le Père (Cf. Jean 17, 21). Par cette prière, le Christ demande au Père de faire de ceux qu’il a préparés pour continuer d’annoncer l’Evangile, le signe de l’unité. En fait, le Christ n’est pas venu pour séparer les hommes, mais pour faire d’eux un seul peuple (cf Gal 3, 27-28), une recommandation qui dissiperait toute tendance de division entre les chrétiens. Loin d’être une chimère, l’unité des chrétiens est possible à condition qu’elle soit fondée sur le Christ. Il s’avère impérieux de préciser que tous les peuples forment, en effet, une seule communauté, car ils ont une seule origine, qui est Dieu.

A l’heure actuelle, où la technologie et l’évolution de la société ouvrent à l’humanité une panoplie d’opportunités, l’homme se voit mieux à être seul que d’être en compagnie de son semblable. Par ce fait, au lieu que l’intelligence humaine rassemble le monde et rapproche les uns des autres, elle semble plutôt disperser en créant des barrières entre les humains. C’est face à cette réalité que la notion de l’unité, mieux encore de la fraternité, est remise en question et suscite même des inquiétudes.

Dans ce sens, pour faire face à cette division croissante qui guette l’humanité entière, et porte atteinte à la vocation de l’homme, il s’avère alors important de faire recours à la tradition africaine, pour cerner sa notion du vivre-ensemble. Mais il s’avère également judicieux de questionner l’Eglise pour appréhender ce qu’elle comprend de cette notion de l’unité.

L’unité perdue et retrouvée dans la culture africaine et dans le Christ

Si nous admettons que l’homme est un être viscéralement communautaire, il y a lieu d’admettre qu’il est aussi un être créé pour vivre et bâtir l’unité avec lui-même et autour de lui. En référence à la culture africaine, l’homme ne se définit qu’à travers sa matrice. Dans ce sens, l’on ne peut pas se détacher de son appartenance, pour mener une vie en solitaire. En effet, cela porte atteinte à la notion basique du vivre-ensemble. Si la culture moderne fait l’éloge de l’individualisme et prône l’autosuffisance, la culture africaine, par contre, propulse la notion de l’interdépendance. De cette culture, il résulte que l’homme-africain ne peut en aucun cas, vivre seul. Par ce fait, la culture africaine qui prône le vivre-ensemble, se voit aller à contre-courant de la culture moderne, qui crée la division. Marqué par la notion de l’interdépendance, l’homme-africain pense que la vie sociale perdrait sa signification, si elle se repose sur l’individualisme.

En effet, cette notion de la fraternité africaine se voit en syntonie avec l’Eglise qui, dès sa fondation jusqu’à nos jours, n’annonce que l’évangile de l’unité entre les humains. Son enseignement prend appui sur les enseignements de Jésus qui met la notion de l’unité et de la fraternité au centre de sa mission. Au fait, la mission de Jésus sur terre a consistée essentiellement à rassembler tout le genre humain en un seul peuple et en une seule nation. Cela se laisse entrevoir dans l’évangile de Saint Jean (Cf. Jean 11, 52). C’est dans ce passage johannique  lu, réfléchi, médité, contemplé, vécu, et dans l’esprit de cette prière, que tous les chrétiens, bien que séparés, peuvent et doivent se retrouver réunis pour supplier de pacifier, garder et réunir son Eglise selon sa volonté. C’est cette même mission que l’Eglise s’est donné la tâche de continuer et de pérenniser.

Tirée des enseignements de Jésus et pérennisée par l’Eglise, la notion de l’unité des chrétiens, loin d’être une imagination, devient, une réalité qui fonde et guide la société. Pour maintenir cette unité entre les humains, l’Eglise s’évertue de promouvoir l’unité et la charité entre les hommes, et aussi entre les peuples… (Cf. N.A. n01). Dans cette obédience, l’Eglise, Corps du Christ, devient le point d’encrage où converge la notion de l’unité humaine. Par le fait, l’Eglise fondée sur les enseignements de Jésus devient le centre et le repère de toute la notion de l’unité non seulement entre les chrétiens mais aussi et surtout entre les hommes, par-delà leurs différences.

En effet, tous les hommes sont appelés à vivre dans l’unité et en communauté. Loin d’être une illusion, l’unité des hommes est une réalité. Considérant la réalité du monde actuel, nous nous sommes rendu compte que l’intelligence humaine associée à la notion de l’autosuffisance, semble hypothéquer et porter atteinte à la notion du vivre-ensemble,  d’où le recours aux valeurs de la culture africaine et à l’Eglise, nous a fait comprendre que dans le Christ, la notion de l’unité entre les hommes demeure possible.

Pour clore, il sied de dire que la thématique de l’unité des chrétiens est au centre de la vie humaine. L’on ne peut pas penser la vie en société, sans faire mention à la notion de l’unité. C’est dans ce sillage que s’inscrit cette réflexion qui a pour but de repenser la vie en communauté. Loin d’être une leçon morale, cette réflexion est l’émanation de notre observation sur la manière dont les humains partagent leur vie actuellement en société. Cette observation est partie de l’interrogation sur le sens de l’égoïsme notoire qui, à l’heure actuelle, semble prévaloir sur le sens du partage. Par ailleurs, cette mentalité de l’autosuffisance, sème la division entre les hommes. Au lieu de bâtir des ponts de fraternité, elle érige les barrières qui séparent les humains. Voilà pourquoi nous convoquons l’Eglise et la culture africaine pour interpeller l’homme et lui faire comprendre que la vie est faite pour être partagée avec les autres.

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