Réflexion sur la Parole de Dieu
Méditation sur la Parole de Dieu en la fête de Saint Thomas, Apôtre.
Ep 2, 19 – 22 ; Ps 116, 1,2 ; Ev : Jn 20, 24 – 29
Frères, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu. Chers confrères, je voudrais qu’ensemble nous méditons sur deux réalités : être étranger et être membre de la famille.
Etre étranger, se considérer comme étranger, considérer les autres comme étrangers, voilà l’expression des sentiments qui fragilisent une identité, qu’elle soit individuelle ou collective. En effet, selon la définition classique de l’expression, être étranger signifie ne pas faire partie d’un groupe, d’un milieu ou d’un organisme, ou considéré comme ne faisant pas partie ; ou encore qui n’est pas accessible à un sentiment. Dans la réalité de certains de nos pays, l’on a naturellement tort dans chaque situation donnée si on est étranger. Et donc dans certains milieux, lorsqu’on est étranger, on est naturellement fragile et vulnérable. Dans le contexte de la lettre de saint Paul soumis à nous ce matin, être étranger signifie probablement ne pas partager le sentiment de la fraternité ecclésiale. Et dans le contexte de notre fraternité dehonienne, nous pouvons fragiliser, et en fait nous fragilisons le Sint Unum soit en nous considérant comme étrangers ou en considérant les autres comme tels.
Vous êtes membres de la famille de Dieu – vous êtes, nous sommes membres de la famille dehonienne. Une réalité fondamentale de la famille c’est que les membres ne se choisissent pas ; et il en est de même de la famille religieuse. Comme membres de la famille dehonienne, nous ne nous sommes pas choisis. Je me rappelle d’une expérience vécue en famille. Lorsque j’étais au petit séminaire, mon petit frère s’est plein à la famille en ces termes : si je n’arrive pas à m’habiller selon mon goût, c’est parce que la scolarité de mon grand frère prend une grande partie des revenus de la famille. A ces mots, j’ai éprouvé une tristesse et j’ai demandé à papa que je voulais quitter le petit séminaire parce que je ne voulais pas être la cause d’une frustration d’un membre de la famille. Le papa n’a pas accepté cette demande, mais dans tous les cas, il fallait bien résoudre ce problème de mon petit frère. Nous avons tous des réalités et des expériences diverses dans nos familles : nos familles naturelles, notre famille dehonienne. A chacun de nous de se placer devant son expérience et se demander quel rôle il joue dans sa famille, surtout celle que nous avons choisi, c’est-à-dire notre famille dehonienne. Au sein de cette famille religieuse comme dans les autres familles, nous assumons des responsabilités variées, et malgré la variété des rôles ou responsabilités que nous assumons, cela ne rend pas, et ne devrait rendre ni l’un ni l’autre un membre plus important de la famille. Il me semble que la question la plus importante que nous devons nous poser c’est que comment je me sens frère avec les autres frères de la famille ? Dans la méditation du jeudi 20, le père Eli, en parlant de cette réalité familiale disait ceci, et je cite : « il peut arriver qu’on n’aime pas un frère, mais nous ne pouvons pas changer la réalité que nous sommes des frères ». Et je dirai qu’on peut même avoir honte d’un frère, mais ce sentiment ne change en rien le fait que nous sommes frères. Est-ce que ma manière d’être frère écrase les autres ou alors les épanouit-elle ?
Rappelons-nous toujours qu’intégrés dans la construction, nous avons pour fondation les apôtres, les prophètes, le père Dehon et tous ceux qui ont travaillé pour l’épanouissement de notre famille ecclésiale dehonienne ; et la pierre angulaire c’est le Christ Lui-même. Quel que soit notre sentiment comme membre de la famille, le plus important c’est que notre être et notre agir soit une proclamation de l’Evangile comme nous le dit le refrain du psaume. Et en parlant de cette proclamation de l’Evangile, saint François d’assise disait à ses frères et disciples : « Allez proclamer la Bonne Nouvelle, utilisez les mots si nécessaires ».
Dans l’évangile, nous avons l’expérience de la résurrection du Christ par les apôtres et de manière singulière par Thomas. Malgré l’authenticité de sa foi et sans lui faire aucun procès d’intention, on pourrait quand même se demander où était-il quand le Seigneur ressuscité visitait la communauté ? Et lorsque les autres lui font le compte-rendu selon lequel ils ont reçu le Seigneur, il ne croit pas. Bien que plus tard Thomas ait fait une expérience personnelle du Seigneur ressuscité en présence des autres, nous pourrons ne pas avoir la même grâce que lui, et que lorsque nous nous éloignons de la communauté, nous pouvons manquer la visite du Seigneur. Que cette expérience de Thomas éclaire nos doutes et nous dispose à mieux recevoir chaque jour l’annonce de la Bonne Nouvelle des confrères en communauté. Amen