“Je suis heureux d’exercer mon ministère en tant qu’évêque SCJ”
Entretien avec Zolile Peter Mpambani scj, archevêque de Bloemfontein en Afrique du Sud, qui a recu le pallium le 11 décembre.
Son Excellence Mgr Zolile, nous avons appris avec une grande joie la nouvelle de votre imposition du Pallium le 11 décembre à Bloemfontein, l’archidiocèse dont vous avez la charge. En quoi consistait cette cérémonie “d’imposition du Pallium “?
La cérémonie eût pour objet l’’imposition du Pallium, qui aurait dû avoir lieu le jour de mon installation dans le diocèse; cependant, en raison de la COVID-19 qui a entraîné un nombre limité de participants, celle-ci fût reportée pour le 11 décembre. Il s’agissait d’une cérémonie regroupant les fidèles de l’archidiocèse, mais en raison de la pandémie, nous avons invité des personnes, même en dehors de l’archidiocèse. Le pallium est imposé au début de la sainte messe, et la messe continue comme d’habitude.
Que signifie pallium?
Le pallium, selon l’Église catholique romaine, est tout d’abord un vêtement constitué d’une bande entourant les épaules avec deux lappets accrochés devant et derrière, avec des croix noires. Il est porté par le pape et les archevêques métropolitains avec des symbolismes différents : par le Pape, il symbolise la ” plénitude de la fonction pontificale “; par les archevêques, il caractérise la participation au pouvoir pastoral suprême du Pape dans leurs provinces ecclésiastiques propres, comme symbole de la juridiction qui leur est déléguée par le saint-siège. Signification : Dès le VIe siècle, le pallium était considéré comme un vêtement liturgique à utiliser uniquement dans l’église, et en fait uniquement pendant la messe, sauf si un privilège spécial en décidait autrement. D’autre part, lorsqu’il était utilisé par les métropolitains, le pallium signifiait à l’origine simplement l’union avec le Siège Apostolique, et était un ornement symbolisant la vertu et le rang de son porteur (Wikipedia)
Après seulement trois mois comme supérieur provincial des prêtres du Sacré-Cœur en Afrique du Sud, vous avez été nommé évêque du diocèse de Kokstad le 6 mai 2013. Sept ans plus tard, vous avez été nommé archevêque de Bloemfontein, l’archidiocèse que vous dirigez depuis un an et demi. Comment vivez-vous votre épiscopat en tant que religieux SCJ?
Tout d’abord, je pense que, comme tout le monde, je ne m’attendais pas à être un jour évêque. J’ai davantage apprécié le travail que j’ai effectué en tant que formateur et ensuite en tant que curé de paroisse avant d’être élu Provincial des SCJ et de ne rester que trois mois. Je dois dire et reconnaître l’expérience que j’ai acquise en tant que conseiller général de 1998 à 2003. Cette expérience, associée à mon expérience de formateur, joue un rôle important dans mon épiscopat, qui consiste essentiellement à traiter avec des personnes chaque jour de mon ministère. Cela demande beaucoup de compréhension et d’humilité, sans pour autant être naïf. Mon passé de religieux joue un grand rôle dans ma vie d’évêque, plus particulièrement en ce qui concerne la discipline dans la prière, la vie en communauté et la compréhension des différentes personnes avec lesquelles je travaille et interagis. Dans l’ensemble, je suis heureux d’exercer mon ministère en tant qu’évêque SCJ.
Le pays de Nelson Mandela a été caractérisé ces dernières années par de multiples crises: manifestations violentes, pillages généralisés, montée des mouvements xénophobes… Comment les évêques sud-africains réagissent-ils à ces crises sociales? La voix de l’Eglise est-elle entendue en Afrique du Sud?
Comme ils l’avaient déjà fait à l’époque de l’apartheid, les évêques s’expriment avec force sur toutes les situations, surtout celles qui ne favorisent pas l’égalité entre autres: la violence et les autres formes d’oppression et de négligence. La Conférence des évêques catholiques d’Afrique du Sud, depuis longtemps déjà, a pris la décision de parler en tant que collectif plutôt qu’individuellement, car elle pensait que cela aurait plus d’impact sur le gouvernement, ce qui est effectivement le cas. Il n’y a aucune situation qu’ils laissent passer sans faire de déclaration. C’est juste que les gens aimeraient les voir et les entendre parler à la télévision, surtout les catholiques. Oui, de temps en temps, ils apparaissent et parlent à la télévision, mais ces plateformes sont essentiellement gérées par l’État et il n’est pas très facile de les approcher. Il est très regrettable que des appels soient lancés aux églises, mais que très peu de choses soient faites, voire pas du tout, selon leurs recommandations. J’admets que l’Eglise devrait peut-être être plus proactive que réactive, et en assumer les conséquences comme telles…
Que pouvez-vous partager concernant votre ministère pastoral à Bloemfontein?
C’est un avantage que l’ensemble du diocèse n’utilise que deux langues, le sesotho et l’anglais. Nous n’avons pas besoin de faire tout le chemin pour traduire ou même changer de langue pendant la célébration de la Sainte Eucharistie. L’archidiocèse a été bien formé en termes d’autosuffisance, ce qui est une grande chose, même s’il faut encore la peaufiner ici et là. Le seul défi actuel à cet égard est le COVID-19, qui a mis de nombreuses personnes au chômage et leur a posé de nombreux problèmes financiers. L’église en souffre également. Sur le plan pastoral, le nombre de personnes est réduit de façon drastique par crainte de la pandémie, mais il y a les fidèles qui viennent régulièrement. Il y a beaucoup de coopération dans l’archidiocèse et un grand potentiel pastoral, ce qui me rend heureux d’être l’évêque de cet archidiocèse. Ainsi, l’imposition du Pallium, qui est aussi une sorte de bienvenue dans l’archidiocèse, a mobilisé tout le monde pour que la cérémonie et la célébration soient un succès, merci à tous. Enfin, je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de partager mon point de vue. Que la bénédiction soit avec vous.