Le cénacle. Jésus est comme transfiguré au milieu de ses apôtres. Les sources de l’amour vont s’ouvrir pour donner au monde l’Eucharistie. Merci, Seigneur. Avec saint Jean, je vous remercie, je vous aime, je me donne tout à vous. (P. Dehon)
Pendant la Cène, Jésus prit du pain, le bénit et le rompit, et le donna à ses disciples en disant: Prenez et mangez: ceci est mon corps. Et prenant le calice, il rendit grâces et leur dit: Buvez-en tous. Ceci est mon sang de la nouvelle alliance qui sera versé pour beaucoup pour la rémission des péchés… Cependant il y avait un disciple qui reposait sur le sein de Jésus, celui que Jésus aimait (cf. Mt 26; Jn 13).
Premier Prélude. Le cénacle. Jésus est comme transfiguré au milieu de ses apôtres. Les sources de l’amour vont s’ouvrir pour donner au monde l’Eucharistie.
Deuxième Prélude. Merci, Seigneur. Avec saint Jean, je vous remercie, je vous aime, je me donne tout à vous.
PREMIER POINT: L’Eucharistie.
Ô prodige inouï! le Maître suprême se fait l’aliment de sa pauvre et misérable créature!
Pendant qu’ils soupaient, en cette nuit de la dernière Cène, Jésus était assis avec ses disciples. – Il lève les yeux vers son Père et se recueille dans une ardente prière. Il est comme transfiguré. – Considérons le ciel ouvert au dessus de sa tête: les Anges étonnés tressaillent de joie et de crainte… de joie: l’Eucharistie enflammera et sanctifiera tant de cœurs! Elle allumera au sein de l’Église un tel foyer de dévouement et d’amour!… de crainte aussi: l’Eucharistie rencontrera tant d’ingrats! Elle sera profanée par les Judas de tous les siècles!
Écoutons les paroles de Jésus: «Prenez et mangez, ceci est mon corps; buvez, ceci est mon sang…». – Je vous salue, ô vrai corps, né de la Vierge Marie!
Je verrai les apôtres s’approcher, prendre leur part de cette première communion… Marie, la mère bien-aimée de Jésus! Qui pourrait dire l’ardeur de sa charité! C’est son fils qu’elle reçoit! C’est la chair, c’est le sang qu’elle lui a donnés! des flots d’amour montent vers le ciel dans les transports de cette chaste union, de ces saints ravissements.
«Faites ceci en mémoire de moi», ajoute Jésus, et ses apôtres sont faits prêtres pour l’éternité. Unissons-nous à leur acte de foi et d’amour.
DEUXIÈME POINT: Judas!
La passion commence au cénacle, par l’attitude de Judas si cruellement blessante pour le Cœur de Jésus. Le traître a déjà vendu son divin Maître. Cependant il assiste hypocritement à la Cène et à l’institution de l’Eucharistie. Il communie sans doute sacrilègement. Notre Seigneur en éprouve de l’abattement et de la pitié. Il essaie encore de le sauver. Il l’avertit: «Un de vous, dit-il, qui êtes avec moi à cette table, me trahira». Cela devait rappeler au traître la plainte de David: «Si un ennemi m’eût offensé, je l’eusse supporté, mais vous, un ami qui vivait à ma table…» [cf. Ps 55,13].
Notre Seigneur laisse éclater sa tristesse, non pas à cause de lui-même, il sait qu’il doit mourir: «Pour ce qui est du Fils de l’homme, dit-il, il s’en va selon ce qui a été déterminé». Mais il s’attriste à cause du crime de son disciple: «Malheur dit-il, à celui par lequel le Fils de l’homme est trahi!» (Lc 22,22). Mais rien ne touche le pécheur endurci.
Ô Cœur Sacré, victime des hommes, je vous demande pardon pour la trahison de Judas et pour les crimes qui vous affligeront, vous humilieront et vous frapperont jusqu’à la fin de temps sur tous les autels de la terre; pardon pour les chrétiens indignes, pardon pour les prêtres apostats!
TROISIÈME POINT: Saint Jean sur le Cœur de Jésus.
Entrons au cénacle au moment de l’action de grâces de cette première communion de la terre. Saint Jean repose avec abandon et tendresse sur le Cœur de Jésus. C’est la réalisation d’un tableau du Cantique des cantiques: «Mon Bien-Aimé est à moi et je suis à lui… Je suis à mon Bien-Aimé et son Cœur se tourne vers moi» (Ct 2,16).
Jésus se complaît dans son immolation eucharistique. Cette pâque féconde, qu’il vient de faire avec ses disciples, se renouvellera sur l’autel jusqu’à la fin des temps. C’est la manne du Nouveau Testament, le pain de vie, le pain des forts, les délices des saints, le gage du salut et de la résurrection.
Saint Jean, l’apôtre vierge, l’ami de l’Époux, le parent du Christ, ravi de la communion qu’il vient de faire, laisse tomber tendrement sa tête sur la poitrine de son Maître chéri. Il est pur, et la chasteté des sens et du cœur permet à l’homme l’intimité avec Dieu. Attraction ineffable qui dégage le disciple de la terre et l’élève dans une région supérieure de béatitude et d’amour.
Le disciple bien-aimé appuie sur le Cœur Sacré de Jésus ses lèvres d’où jailliront les fleuves de la théologie sacrée, son front que doivent orner tant de rayons merveilleux de science et de sagesse, et ceindre l’auréole des apôtres, des prophètes, des vierges, des martyrs.
Le Christ lui a réservé à lui seul, parce qu’il est pur, d’écrire de sa main les mystères de la pureté incréée, du Verbe de Dieu fait chair pour le salut du monde.
Saint Jean, disciple bien-aimé, attirez-nous avec vous sur la poitrine de Jésus quand nous sommes unis à lui dans la communion.
Résolutions.
Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu’il n’a rien épargné pour leur marquer son amour! Et moi que ferai-je pour lui rendre amour pour amour? J’irai à l’Eucharistie avec une pureté et une ferveur qui me rapprochent des dispositions de saint Jean.
Colloque avec saint Jean.
(P. Dehon , L’année avec le Sacré Cœur – Mars 411-419)