Présentation en série du « Guide de lecture » des Constitutions, rédigé par le Père Albert Bourgeois.
1. “Notre charisme prophétique”
270 L’expression peut surprendre et sembler un peu prétentieuse. Ce n’est pourtant pas par un pur hasard rédactionnel qu’intervient ici le mot “prophétique”. Déjà le n. 7 déclare : “De ses religieux, le Père Dehon attend qu’ils soient des prophètes de l’amour…” et le n. 39 parle aussi de “témoignage prophétique”. “Prophètes de l’amour”, “un charisme prophétique” et un “témoignage prophétique” : il y a là une sorte de fil conducteur ou, si l’on veut, une des arêtes du texte.
271 Pour bien comprendre et justifier ces trois expressions il faudrait absolument relire et méditer le n. 12 de Lumen Gentium sur “le sens de la foi et les charismes dans le peuple chrétien”. Notre “charisme prophétique”, dans l’ordre même de “la participation du peuple saint à la fonction prophétique du Christ”, nous met “au service de la mission salutaire du Peuple de Dieu dans le monde d’aujourd’hui” (n. 27), en nous constituant, ou du moins en nous appelant à être des “prophètes de l’amour”. C’est évidemment à la conception biblique de la prophétie, à la figure biblique du prophète que nous sommes renvoyés, et notamment à la fonction prophétique du Christ lui-même. (cf. V.T.B. “Prophète” 1046-1057 ; ou Encyclopédie de la foi : “Prophète” – III pp. 496-619).
272 “Le prophète n’est pas détenteur de la vérité. Dans la société, il n’est investi d’aucun pouvoir. Il parle moins avec sa langue que par l’engagement de son existence, et ce discours de la vie ne vient pas de lui : il le reçoit et le partage. Il en vérifie sans cesse l’authenticité en le confrontant à sa vocation et en le soumettant au discernement de l’Eglise” (J.-C. Guy : La vie religieuse dans l’Eglise, in “Etudes”, fév. 1982, pp. 247-248).
273 Jésus est pour nous “le Christ-Seigneur, en qui le Père a manifesté son amour, en qui nous avons reconnu l’amour de notre Dieu et y avons cru” (n. 9).
274 C’est l’être même du Christ – sa vie, sa mort et sa résurrection – qui est prophétie. C’est à cette fonction de “manifestation” que nous fait participer notre “charisme prophétique”, non pas d’abord ni surtout en ce que nous disons et nous faisons, mais en ce que nous sommes et vivons, en raison et à la mesure de notre union au Christ en son amour et son oblation.
275 Le n. 27 est particulièrement significatif : à sa suite (du Fondateur), par grâce spéciale de Dieu nous sommes appelés dans l’Eglise à rechercher et à mener, comme étant l’unique nécessaire, une vie d’union à l’oblation du Christ. Cette consécration a déjà par elle-même une réelle fécondité apostolique.
276 C’est dans et par cette “consécration” – la vie d’union à l’oblation du Christ – que se définit notre “charisme prophétique” au service de la mission salutaire du peuple de Dieu dans le monde d’aujourd’hui. La consécration elle-même est charismatique. La “vie spirituelle”, d’union à l’oblation du Christ, est par elle-même apostolique et prophétique ; non pas d’abord et seulement “supposée” par et pour un efficace service de l’Eglise (n. 16), mais par elle-même, déjà et nécessairement, service de l’Eglise et de la mission du Peuple de Dieu.
277 Comme celle de Jésus lui-même, notre vie spirituelle est et doit être “prophétique”, révélation et manifestation de l’amour de Dieu. Dans et par l’amour du Christ pour nous se révèle et se manifeste son amour pour le Père et l’amour du Père pour nous. Jésus nous a commandé d’aimer comme il a aimé et comme il aime, du même amour et, selon ce que l’on a médité en 1Jn 4,7-21 et Jn 15,1-17, c’est de son amour que nous pouvons et devons aimer. Son commandement nous donne “l’assurance, disait Thérèse de Lisieux, que sa volonté est d’aimer en nous tous ceux qu’il nous commande d’aimer” (Ms C 12v). Et par là seulement notre “vie d’amour”, notre union à son ablation peut être et est réellement “prophétique”.
278 Notre “union à l’oblation du Christ”, ce n’est pas seulement d’aimer “avec lui et à son Exemple”, mais lui donner, en quelque sorte, en nous la possibilité d’aimer, de se donner à nos frères, d’être reconnu et d’être accueilli ; c’est d’être à notre tour le chemin de son amour, comme il est le chemin de l’amour du Père pour nous et de notre amour pour le Père. “Prophètes de l’amour”, nous le serons en vivant et laissant vivre en nous l’amour même du Christ pour le Père et pour nos frères ; et c’est là, pour notre “consécration” la première et fondamentale raison de sa fécondité apostolique. C’est par là aussi que notre “vie spirituelle” est nécessairement et essentiellement apostolique. Notre Institut religieux est apostolique non pas seulement ni d’abord par les œuvres entreprises et accomplies, mais de par sa nature même, en vertu, oserons-nous dire, de la dévotion elle-même au Cœur du Christ et de la vie d’amour, d’union à l’oblation du Christ qu’elle implique et qui est la source de toutes les œuvres.
279 Tout cela, on le voit, n’est pas sans conséquences pratiquement et pour la motivation et l’inspiration de nos “œuvres” elles-mêmes, pour qu’elles soient révélation et “prophétie” de cet amour dont nous sommes appelés à témoigner et à révéler ou à manifester, un amour qui doit transparaître lisiblement dans notre être même et dans notre action, comme en Jésus qui “par sa solidarité avec les hommes… a révélé l’amour de Dieu et annoncé le Royaume” (n. 10).
280 Cet ensemble d’expressions : “prophètes de l’amour”, un “charisme prophétique”, un “témoignage prophétique”, est particulièrement heureux. Le P. Dehon n’en a peut-être pas trouvé l’expression formelle dans sa densité théologique et sa vérité ecclésiologique. Nul doute cependant que cette “visée spirituelle” définie en termes de “prophétie” aurait réjoui son Cœur, comme l’expression de sa pensée et de sa volonté profonde.
2. Notre vocation réparatrice
2.1. Le “fin” de la Congrégation
281 C’est le n. 23 qui parle de “notre vocation réparatrice” faisant écho au n. 6, où la ‘fin’ de la Congrégation, dans la volonté du P. Dehon, est de promouvoir et réaliser “l’union explicite de la vie religieuse et apostolique à l’oblation réparatrice du Christ au Père pour les hommes”.
282 C’est dans une perspective “réparatrice” que s’exprime notre “charisme prophétique” de “prophètes de l’amour”, et que notre témoignage doit être prophétique. Il n’y a par ailleurs aucun doute historiquement sur l’intention du P. Dehon à ce sujet : pour lui et dans l’histoire et la vie de la Congrégation, l’“esprit de réparation”, selon la formule traditionnelle, est essentiel. Cet ‘esprit’, et donc le sens, la théologie et l’apostolat de la réparation, c’est sans doute là le point à la fois le plus délicat, le plus important et le plus significatif de la ‘fidélité dynamique’ de nos nouvelles Constitutions.
283 Laissant à des études annexes l’exposé de la “réparation” selon le p. Dehon, et plus généralement d’une théologie de la réparation, nous nous attachons ici au texte lui-même des Constitutions.
284 L’expérience et la vie réparatrices du P. Dehon sont évoquées au n. 5 : “Saisi par cet amour méconnu, il veut y répondre…”.
285 Le n. 7 intègre la réparation dans le ‘but’ de la congrégation et le caractère propre de l’institut : “pour remédier au péché et au manque d’amour… ils rendront le culte d’amour et de réparation que son Cœur désire”.
286 Les nn. 23-25 enfin explicitent le contenu et les modalités de cette réparation selon notre vocation réparatrice et dans la vie réparatrice. Ces nn. 23-25 apparaissent comme le Cœur ou le sommet de l’ensemble 9-39. C’est un point d’arrivée qui donne toute sa lumière à ce qui précède (ce qu’indique le mot “ainsi” répété en 23 et 25. C’est aussi de là que reprend l’exposé qui suit sur la ‘mission’, les engagements et le style apostolique (nn. 26-39). Notre oblation, qui est réparatrice, union à l’oblation réparatrice du Christ, notre réparation, nous le vivons dans cette participation à la mission de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui : c’est “notre mission” au service de l’Eglise et dans l’Eglise.
2.2. La “réparation”
287 Le n. 23, qui propose une “compréhension” de la réparation, se présente comme une sorte de définition dense et synthétique où l’on doit, semble-t-il, retrouver les éléments des deux autres numéros indiqués (nn. 4 et 7).
288 Quatre éléments ou traits généraux sont indiqués pour caractériser et composer notre ‘compréhension’ de la réparation : accueil de l’esprit – réponse à l’amour du Christ pour nous – communion à son amour pour le Père – coopération à son œuvre de rédemption au sein du monde.
2.2.1. L’accueil de l’Esprit
289 C’est sans doute l’expression la plus surprenante et la plus nouvelle ; et c’est aussi peut-être la plus significative.
290 1 Th 4,8, auquel nous sommes renvoyés, invite à ne pas rejeter Dieu qui nous donne son “Esprit-Saint”, et cela pour “plaire à Dieu en vivant dans la sainteté” (cf. 1 Th 4, 1-7). Notre réparation, c’est d’abord cette sainteté (ou cette sanctification) à laquelle nous sommes appelés comme chrétiens (n. 13) et pour laquelle, comme religieux, nous faisons profession de tendre à la charité parfaite (n. 14).
291 Toujours dans la même ligne d’une vie spirituelle qui est ‘accueil’ et ‘réponse’ avant d’être exercice et ascèse, notre sanctification est ici heureusement caractérisée par l’accueil de l’Esprit, l’Esprit de sainteté. Cet ‘accueil’, a valeur réparatrice, avant même toute considération de péché à réparer : il “plait à Dieu” : “pour la joie de Dieu”, dira le n. 25.
292 Surtout, l’accueil de l’esprit, c’est en nous la réalisation de cette union à l’oblation du Christ, l’oblation filiale, selon toutes ses dimensions d’amour du Père et des hommes, d’un amour réparateur dans une oblation réparatrice. Enfin, si le péché, c’est le ‘refus de l’amour’ (n. 4), la réparation né peut être que reconnaissance et accueil de l’amour, de l’Esprit d’amour, donné avec l’eau et le sang dans le mystère du Côté ouvert. Tout chrétien est appelé à l’attention à ce mystère du Cœur transpercé, et de cette attention, dehoniens, nous sommes appelés à témoigner prophétiquement. L’inattention à ce mystère, qui est don de l’Esprit d’amour, par indifférence à ‘notre esprit’, ne serait-ce pas pour nous une sorte de péché contre l’Esprit ?
293 Ce premier élément de la ‘compréhension’ de la réparation est en réalité le fondement théologal et mystique des trois autres.
2.2.2. Une réponse à l’amour du Christ pour nous
294 L’expression fait écho au n. 4, concernant l’expérience du P. Dehon et au n. 7 sur le but de la Congrégation : il s’agit de “répondre à l’amour méconnu”, de “remédier au manque d’amour”.
295 C’est la réparation non seulement par l’union dans l’amour, mais comme “retour d’amour”, un retour réparateur et consolateur.
296 Cela prévient l’objection qu’on a pu faire au nouveau texte, de modifier la perspective traditionnelle de la réparation SCJ : réparation au Cœur de Jésus plutôt que réparation avec le Cœur de Jésus ; une réparation où la “consolation” est accentuée.
297 En réalité la présentation de la réparation par le P. Dehon (cf. Directoire) n’a rien d’exclusif. Le P. Dehon déclare explicitement que notre réparation ne saurait être pure consolation, mais qu’elle est réparation au Christ et réparation avec lui.
298 De la “consolation” elle-même, la théologie actuelle semble tendre à reconnaître quelque fondement, en soulignant que le Dieu de la bible et de l’Evangile n’est pas le Moteur immobile d’Aristote et des philosophes, en qui immutabilité et transcendance signifie impassibilité sans nuance. Notre Dieu (et le Christ glorieux) est amour, un amour qui s’est fait vulnérable. (cf. in NRT, janvier 1982 : Le Dieu trinitaire et la Passion ; et aussi Moltmann, Rahner, v. Balthasar…)
299 Notre réparation – participation à l’œuvre de la réconciliation – est pour la Gloire de Dieu, mais aussi pour sa Joie. Au-delà de l’intérêt psychologique, la réalité profonde en Dieu de cette joie, comme de la “souffrance” que peut être pour lui le refus de son amour, et donc la “consolation” que doit être pour lui l’accueil de cet amour, serait-elle pur anthropomorphisme ?
2.2.3. Une communion à son amour pour le Père et une coopération à son œuvre de rédemption au sein du monde.
300 Ces deux derniers traits peuvent et sans doute doivent être considérés ensemble, comme l’expression d’un seul et même mouvement. C’est en effet dans l’obéissance au Père et dans son amour pour le Père, que le Christ accomplit son œuvre pour les multitudes (n. 10).
301 Par la communion à l’amour du Christ pour son Père, dans l’accueil de l’esprit, c’est la dimension trinitaire de la réparation qui est soulignée. Elle n’était pas absente de dévotion au Sacré-Cœur ni de la réparation de Paray-le-Monial, mais souvent estompé dans certaines présentations marquées de “sensibilité” plus que de théologie.
302 La présentation de notre “dévotion” et notamment de notre oblation comme union à l’oblation filiale du Christ dans son amour du Père et des hommes, nous garde de ce risque. L’expression “réparation d’amour” retrouve dans cette perspective toute sa valeur théologale, dans le mouvement même de l’amour du Christ.
303 Son amour pour le Père, Jésus le vit et l’exprime dans son œuvre de rédemption. Notre communion à son amour pour le Père, nous la vivons et l’exprimons dans la coopération à son œuvre de rédemption au sein du monde, comme “serviteurs de la réconciliation”.
3. Serviteurs de la réconciliation
3.1. Un “ministère”
304 C’est l’expression retenue au n. 7 pour caractériser notre réparation. Celle-ci au n. 25 est définie comme une participation à l’œuvre de la réconciliation, laquelle est la forme de “notre coopération à l’œuvre de la rédemption au sein du monde” (23).
305 Notre oblation a été définie, au n. 21 comme une “insertion” dans le mouvement de l’amour rédempteur, nous faisant “participants de la grâce rédemptrice” (22). Loin d’être une sorte d’excroissance dévotionnelle, notre réparation relève du noyau même de la révélation chrétienne, du “spécifique” chrétien, si l’on peut dire.
306 D’où l’importance et l’intérêt pour nous d’une sérieuse théologie de la Rédemption. C’est un traité complexe et, en quelque sorte “évolutif” selon les époques : satisfaction, expiation, compensation, rachat, réconciliation, restauration, récapitulation… ; les mots se sont accumulés, et ils sont tous finalement sans doute à garder et à considérer. C’est dans l’exclusivisme que peut surgir la déviation et l’étroitesse qui, en spiritualité aussi, “éteint” l’Esprit-Saint ; et il y a beaucoup de grâces et de charismes divers dans l’Eglise.
307 Notons seulement que notre texte parle de “remédier au péché et au manque d’amour” (7) ; il considère assez peu l’aspect expiation/satisfaction, sinon implicitement dans les mots de “réconciliation” et de “purification” (nn. 7, 25 et 29), et il privilégie les mots et les idées de “régénération” (20), “re-création” (21), “libération” (23 et 26), “restauration” (23), “transfiguration” (29). Notre “témoignage prophétique”, celui de la réparation, est lié à l’“avènement de l’humanité nouvelle (réconciliée, renouvelée, re-créée, libérée, restaurée, rassemblée, récapitulée) en Jésus-Christ” (39).
308 La Règle de 1973 portait au n. 7 “artisans de la réconciliation”. Le mot “serviteurs” de notre texte évite la légère notre de “suffisance” qu’implique le terme d’artisan, et surtout évoque l’idée de “service” et la figure du “Serviteur”. Le “charisme” est un don pour le service et aussi une sorte de “ministère” (non hiérarchique ou liturgique). En 2Cor 5,18, auquel il est fait référence, S. Paul parle du “ministère de la réconciliation”. Mais “ministres de la réconciliation”, cela sonne aujourd’hui un peu trop comme “ministre de l’environnement” ou autre “portefeuille”.
3.2. “Impliqués dans le péché”
309 Le thème du péché est à suivre dans notre texte, car il va sans dire qu’on ne peut guère parler de “réparation” sans parler du “péché”. La théologie de la Rédemption suppose elle-même une théologie du péché.
310 Notons que dans notre texte, c’est la référence au “péché” dans lequel nous sommes “impliqués” qui introduit le thème de la “réparation” : “Ainsi comprenons-nous…”, comme aux nn. 4-5 la “réparation” du P. Dehon en référence à sa “sensibilité” au péché.
311 D’une manière plus large, au n. 29, notre sensibilité à ce qui, dans le monde, fait obstacle à l’amour du Seigneur (et c’est le péché comme “refus de l’amour” selon le n. 4), nous éveille au besoin de purification et de transfiguration de l’effort humain par la Croix et la Résurrection du Christ.
312 L’allusion au péché revient encore au n. 7 comme appel à la réparation ; au n. 12 comme obstacle et au n. 23 comme expression de “servitude”.
313 C’est apparemment assez peu et il est sûr qu’il faut approfondir notre “sensibilité” au pêché lui-même, dans sa réalité théologale, pour donner sens et force à notre réparation.
314 La réparation dehonienne naît essentiellement de la sensibilité théologale au péché. Celle-ci peut s’éveiller et s’éveille normalement au contact “des maux de la société et de la misère humaine” ; mais c’est ailleurs, dans le Cœur même du Christ, à Gethsémani et au Calvaire, qu’elle a sa source et sa raison d’être.
315 Le sens du péché, c’est de sa contemplation et de son expérience de “l’amour méconnu” du Christ que le P. Dehon le reçoit, jusque dans sa “sensibilité” psychologique et en tout cas dans sa sensibilité théologique et spirituelle. Et c’est ce sens du péché qui détermine sa conception et sa pratique de la réparation. En cela aussi notre réparation est et doit être “témoignage prophétique”, de l’amour et de la réalité et du sens du péché, avec et comme le Christ, tout au long de sa vie et dans le mystère de sa mort et du Cœur transpercé.
316 C’était le message spécifique de Paray-le-Monial. H. Brémond remarquait pour le regretter un peu à son sens – qu’entre toutes les formes de la dévotion au Sacré-Cœur, celle de Paray-le-Monial, par l’accent mis sur la réparation a orienté (quelque peu dévié, semble-t-il dire) la dévotion à l’extérieur, vers l’apostolat ; à la différence notamment de la dévotion de marque bérullienne, de caractère plus contemplatif, doctrinal et mystique. C’est peut-être un peu simplifier l’histoire, mais ce n’est pas sans vérité et sans doute d’une manière plus profonde et plus essentielle que ne le pensait et l’écrivait Brémond. (cf. Histoire littéraire du Sentiment Religieux, T. III, pp. 329-334).
317 C’est en tout cas dans une authentique ligne de fidélité dynamique que nos nouvelles Constitutions présentent notre réparation. La contemplation du Cœur du Christ dans le mystère du Côté ouvert est source inspiratrice d’une réparation qui retrouve “la mouvement même de l’amour rédempteur” (21), d’un apostolat qui est réparation et d’une réparation qui est prophétique et apostolique.
318 En ce sens, l’expression du n. 23 : “notre vocation réparatrice comme stimulant de notre apostolat”, peut sembler un peu faible et inadéquate. La réparation en effet n’est pas seulement “l’âme de notre apostolat”, elle est elle-même apostolat par le témoignage qu’elle doit porter. C’est en raison de sa finalité et de son charisme prophétique de réparation que notre Institut doit être reconnu et doit vivre réellement comme un Institut religieux apostolique.
319 De cette “réparation”, les nn. 23-24 présentent brièvement les modalités.
320 C’est d’abord “l’annonce de l’Evangile”, participation à l’œuvre de la réconciliation, participation à la mission de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui : ce que développeront les nn. 26-39.
321 C’est aussi la souffrance offerte, communion éminente et mystérieuse aux souffrances et à la mort du Christ pour la rédemption du monde (24), avec son efficacité mystérieuse et mystique, mais aussi comme un apostolat et un témoignage apostolique ; non pas seulement au titre des “mérites”, mais de la révélation de “la présence active de l’amour”.
322 Ce thème de la souffrance réparatrice a son importance dans la tradition spirituelle, notamment celle de la dévotion au Cœur du Christ et celle de la Congrégation. Les thèmes de l’immolation et de l’esprit de victime ne s’y réduisent pas, mais ils y trouvent une application toute spéciale.
323 La citation de Col 1,24, annexée au n. 24, selon les exégètes, évoque plutôt les “souffrances qui sont liées à l’annonce de l’évangile” et non “les souffrances expiatrices de Jésus” (cf. TOB note). L’interprétation augustinienne de “la communion au Christ dans la souffrance au bénéfice de la communauté ecclésiale” garde son importance, si la communion au Christ dans la souffrance est elle-même annonce de l’Evangile, témoignage de l’amour agissant et de la réalité du péché.
324 La réparation par la souffrance est, elle aussi et éminemment, coopération à