Pourquoi vouloir être quelque chose quand on peut devenir quelqu’un ?
La crise de l’humain résume selon le père Daniel Kouobou, scj la globalisation des crises qui secouent le monde depuis plus d’une décennie ; et dont la pandémie actuelle du COVID-19 est sa plus puissante manifestation. Il nous propose des voies pour un renouveau de l’humanité.
Nous assistons depuis plus d’une décennie à une globalisation progressive des sutuations de crise dans le monde, la pandémie actuelle du COVID-19 sa plus puissante manifestation. Pour le P. Daniel Kouobou, scj, il s’agit fondamentalement d’une crise de l’humain qui secoue notre monde. Dans cet article premièrement publié dans la revue franciscaine Itinerarium, LXVI (2020) 573 – 582, l’auteur nous propose des voies d’un renouveau de l’humanité en chacun de nous et de manière globale à partir d’une relecture des conséquences de l’actuelle crise causée par le Covid-19. Ainsi, le confinement obligatoire peut devenir un noviciat existentiel ou un laboratoire d’où jaillira l’homme nouveau, par la rencontre simultanée de soi et de Dieu dans la contemplation du Cricifié, source intarissable de la Spiritualité du Coeur de Jésus.
Un regard général sur les nouvelles du monde depuis plus d’une décennie témoigne d’une globalisation progressive des situations de crise: la société mondiale est en crise. La chosification de la logique politique avec pour finalité la quête du pouvoir et le positionnement individuel au détriment même de la vie humaine et la loi inéquitable de la concurrence économique, fondée sur une croissance sans développement social[1], ont fini par dénaturer en nous l’humanité.
Cette crise mondiale qui défigure l’homme n’épargne pas l’Église, qui est progressivement touchée dans ce qu’elle a de plus précieux à savoir la vie consacrée et son exigence prophétique. En effet, ceci ce manifeste par la quête effrénée du pouvoir, les nominations aux motivations obscures, fondées sur le clientélisme et les ravages d’un carriérisme hédoniste traduits par l’ignorance même du Christ, par une «biologie religieuse»[2] et, dans le pire des cas, par une adhésion aux cercles ésotériques. Comment pourrait-elle donc continuer à être un faisceau lumineux pour le monde et attirer de nouvelles vocations si ce n’est qu’elle est portée par une Présence ? Cette situation alimente la crise des vocations sacerdotales et religieuses que connait l’Eglise dans son ensemble, mais aussi la crise de la foi que traversent toutes les religions, toute l’humanité et qui nous invite à un renouveau, à un rejaillissement de l’humanité en chacun de nous. Il n’est donc pas rare de nos jours de constater que, malgré leurs efforts pour une vie plus digne et plaisante, les hommes et femmes de notre temps sombrent de plus en plus dans un vide existentiel presque suicidaire. Il s’agirait alors, fondamentalement, dans toutes les crises actuelles, d’une crise de l’humain.
La crise de l’humain
La réaction de Flaubert dans son journal lorsqu’il reçut la lettre de Baudelaire qui lui demandait d’appuyer sa candidature à l’Académie traduit cette crise encore actuelle et plus virulente de l’humain: “pourquoi vouloir être quelque chose quand on peut être quelqu’un?”. Devant cette chosification et auto-chosification de l’homme, il est urgent de se questionner sur le sens de notre existence et de ce qui nous révèle comme des humains pour que l’humanité puisse rejaillir et nos sociétés devenir de plus en plus humanisées. La pandémie actuelle du COVID-19, qui met le monde entier à genoux, nous obligeant tous à un confinement presque total, est venue, en plein temps de Carême, comme pour nous rappeler la dimension itinérante de notre vie humaine : nous sommes tous en chemin dans une solidarité qui, soit nous humanise et nous sanctifie, soit nous animalise et nous anéantit. Ce que des théories, prédications, stratégies géopolitiques n’ont pas réussi à faire comprendre, un virus, le COVID-19, qui nous met tous en crise, riches et pauvres, a réussi, par la douleur, à nous démontrer que nous partageons tous la même humanité, réduisant à néant tout sursaut d’orgueil.
Rester chez soi comme mesure de prévention c’est aussi entrer en retraite, remettre en question nos différentes options pour pouvoir renaître à l’humanité et éviter la chosification existentielle qui nous réduirait à notre activité quotidienne : c’est se redécouvrir comme un être-avec-les-autres et un être-pour-les-autres. Se recueillir ainsi, c’est choisir de cueillir les fruits de la vie en la recevant comme un don inaliénable dont nous devons tous être les bénéficiaires et les protecteurs.
Ainsi, ce temps de confinement doit devenir un temps de ressourcement où le changement d’attitude voire d’aptitude scientifique devra nous donner de sortir de nos laboratoires humains avec une radicale naissance de l’homme nouveau, une naissance à la radicale nouveauté qui fera de l’humanité entière une symphonie harmonique dont l’amour et la justice sont l’unique gage. Si devant le COVID-19, le monde entier s’harmonise pour le combattre et préserver des vies, on devrait faire de même à la sortie de notre confinement pour que, de l’unité expérimentée à cause de cette pandémie, jaillissent des nouvelles utopies sociétales qui nous feront toujours naître à l’humain et construire ensemble une civilisation qui œuvre en tout et en tout temps pour la vie de l’homme et son salut au quotidien. Il faut donc trouver de nouveaux modèles sociétaux, non seulement pour une sortie durable de crise mais surtout pour conduire l’homme à son développement intégral, lui indiquant ainsi, la source qui, en lui et pour tous, pourra jaillir en eau vive. Ceci passe par une prise de conscience, un arrêt initiatique à la rencontre de soi, au midi de notre recherche d’eau dans une clandestinité qui cache l’être comme nous le révèle la rencontre entre Jésus et la Samaritaine (Jn 4, 1-30).
Parce que “la Samaritaine représente admirablement la crise de l’Église contemporaine”[3] et d’une certaine manière celle de nos contemporains assoiffés de vie, son histoire peut nous orienter dans notre recherche : femme pécheresse aux multiples concubins qui ne veut en rien rater son petit bonheur, seule la rencontre avec le Christ au puit de Jacob la conduira à cette source d’eau vive où se réalise la véritable adoration en esprit et en vérité, où la rencontre avec Dieu et soi-même est simultanée. L’aggravement de la crise mondiale de l’humain par la pandémie d’un virus inconnu peut bien être le fruit d’une volonté de ceux qui, dans un égocentrisme satanique, ne pensent qu’à leur petit bonheur au détriment des vies humaines et de la défaillance de plusieurs pays, mais la sortie de cette crise doit nous permettre de supplanter l’égoïsme chosifiant par une charité humanisante : aller à la source de vie est un pas décisif pour aboutir à des solutions durables. De ce fait, «comme l’Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain»[4], elle est appelée à être, en chaque instant de l’histoire, une découverte à faire[5] afin que sa mission ne soit pas limitée par nos perceptions et tendances parfois erronées et égocentriques du dessein de Dieu pour le monde de notre temps. Ceci nous introduit dans une dynamique du renouveau personnel et ecclésial dans l’Esprit : il faut ouvrir nos fenêtres à l’Esprit Saint.
Le chemin vers ce renouveau doit commencer par une prière: “Apprends-nous, Seigneur, la vraie mesure de nos jours: que nos cœurs pénètrent la Sagesse” (Ps 89, 12), car seule une véritable et profonde conscience de qui nous sommes nous aidera à mieux nous ouvrir à l’être qui, en nous, chaque jour veut naître au lieu de nous accrocher sur le désir éphémère de devenir quelque chose, bien que socialement respectable.
En effet, toute notre vie est une recherche passionnée et passionnante de la Rencontre de Celui par qui l’humanité en nous jaillit, Celui par qui toutes nos rencontres quotidiennes deviennent vivantes et humanisantes, Celui avec qui nous devenons des personnes et non des simples sujets consommateurs dont l’existence tombe très vite dans l’oubli propre d’un marché surpeuplé de consommateurs anonymes.
La Spiritualité du Sacré-Cœur de Jésus[6], puisqu’elle jaillit d’un moment de crise, qu’est la crucifixion du Christ, explicite mieux cette rencontre de l’homme avec Dieu, en l’ouvrant sur la joie de la résurrection qui traduit l’état de l’homme nouveau, affranchi de toutes formes d’esclavage. Ainsi, au cœur de ce qui semble être une source de désespoir pour les disciples d’Emmaüs (Lc 24, 17-24), et un chemin de foi pour le centurion romain (Mt 27, 54), l’homme est radicalement mis en question et chacun peut «éprouver cette sorte d’identité où nos vies circulent les unes dans les autres»[7], ainsi, devant le crucifié, chacun a désormais la possibilité de se découvrir sans tricherie et de se mettre en chemin vers l’humain, Dieu et la religion, qui sont toujours en avant de nous.
Naître à l’humanité
Lorsque le cours actuel de la vie dans le monde en général exige de nous que nous puissions travailler excessivement pour espérer être à l’abri du besoin, en ce qui concerne le minimum vital, la tentation de nous réduire à nos besoins biologiques est très grande. Nous n’avons plus de temps pour vivre car absorber totalement par les différents rôles à jouer[8]. Dans une telle société, le terme vocation a-t-il encore un sens ? Lorsque dans des pays, comme le Japon, excessivement industrialisés, le taux de suicide est galopant n’est-ce pas un cri assez violent du genre humain dont l’existence est menacée ? N’est-on pas devant une forte menace de la disparition de l’humanité véritable au profit de la prolifération d’une «espèce humaine» vidée de tout horizon et victime de sa propre soif et faim d’être toujours plus quelque chose ? De telles interrogations nous invitent à entrer dans un véritable noviciat existentiel pour en sortir avec un sens radicalement nouveau pour l’humanité. Nous avons passé des années à courir sans repos à la recherche du minimum vital jusqu’à ce qu’un simple virus, le COVID-19, vienne nous confiner dans nos maisons et nous rappeler que nous ne sommes que des êtres de grandes fragilité dont l’existence nage dans un océan d’incertitudes. Nous comprenons maintenant, mieux que par le passé, que rien de beau, de digne et d’éternel ne peut se réaliser sans le silence et la foi. Les grandes puissances occidentales tout comme les pays en développement, encore sous le poids de la misère et de la survie au quotidien, expérimentent simultanément leur impuissance devant les ravages mortels d’un virus. Ceux qui jadis ont mis Dieu à l’écart au nom d’un laïcisme esclavagiste et idéologique, se mettent à genoux pour l’implorer comme si Dieu était simplement le bouche-trou de nos impuissances, celui qui n’existerait qu’à la limite des possibilités humaines. Il est temps que nous redécouvrions l’homme et Dieu qui est «la clé d’un monde qui n’existe pas encore et qui ne peut pas exister sans nous»[9].
La recherche effrénée du gain et du pouvoir au niveau national, international voir mondial a progressivement transformé le travailleur en «machine de production» donc seule l’efficacité productive détermine la conservation de son emploi. L’on a ainsi progressivement détruit en lui l’humain au profit du mécanique, abrutissant son intelligence et le confinant dans un stress de telle sorte qu’«il cherche un dédommagement dans l’alcoolisme, l’immoralité et la débauche»[10]. De ce fait, il faudra pour sortir de cette crise de l’humain être conscient que «c’est l’intelligence complète des causes du mal qui prépare la détermination des remèdes et leur mise en pratique»[11]. A la racine de cette crise se trouve justement la négation de l’humanité[12] au profit du titre en société et du gain. C’est pourquoi il nous faut retrouver notre vocation première.
Notre première et indispensable vocation est de naître à l’humanité pour s’inscrire dans l’éternité[13]. Elle détermine, par la conscience qu’en a le sujet, le long itinéraire qui part du biologique au mystique. C’est ainsi que, toutes les sonnettes d’alarme que nous envoient les différentes crises actuelles, annoncent la fin d’une anthropologie hédoniste et autoréférentielle, ainsi que la fin des systèmes socio-politico-ecclésiaux qui la défendent. Le temps présent est enceinte d’une nouveauté dont l’aurore s’annonce au crépuscule comme le «jour du Seigneur» annoncé par le prophète Malachie (3, 19-20). Il nous faut, pour entrer dans cette nouveauté, redécouvrir l’homme et redécouvrir Dieu : la Croix est le lieu de cette double découverte.
Devant la rage destructrice de la pandémie du COVID-19 et des nombreuses guerres dans le monde, l’appel au confinement hygiénique comme mesure de protection et de prévention, n’est pas un isolement, mais un appel à comprendre combien nous sommes responsables de la vie des uns et des autres. Si cette situation critique est la croix qui pèse sur le monde actuellement, elle doit nous permettre de nous tourner vers la croix du Christ, où notre rédemption a été pour toujours scellée, renouvelée et annoncée.
Daans une société technicisée et mécanisée, il n’est pas rare que la personne soit confondue à son rôle dans la chaîne productrice et que progressivement les gestes humains de travail ne soient que des gestes de choses, d’où l’idée d’une robotisation progressive du travail. Il n’est non plus rare de noter que derrière les guerres tribales, racistes, idéologique, voire religieuse se trouve une réduction anthropologique et une instrumentalisation de l’autre[14]. Si l’on était soi-même une personne et si l’on pouvait contempler l’humanité jaillissante en l’autre, serait-on capable de toucher à un seul de ses cheveux ? Pour devenir quelqu’un, nous devons tous naître à l’humanité. Ceci n’est nullement le fruit de nos avoirs, pouvoirs ou même savoirs tant de fois vides d’existence, mais ceci surgit comme le fruit d’un regard, d’une rencontre, d’un dépouillement de soi et d’un cœur à cœur intime avec le Crucifié : «ils regarderont celui qu’ils ont transpercé» (Jn 19, 37 / Za 12, 10). Cette affirmation johannique devient alors celle qui nous introduit dans une découverte bouleversante et transformatrice : «faire l’expérience de notre humanité, être homme et trouver Dieu, c’est la même chose»[15]. Alors, Loin de se transformer en une dynamique intimiste et/ou spiritualiste, cette rencontre avec Dieu suppose que nous soyons capables d’être plongés dans ce silence qui féconde la parole, faite Bonne Nouvelle. Elle suppose que nous entrions dans ce noviciat existentiel où nous apprendrons sans cesse à développer une sensibilité et un accueil de tout ce qui constitue la réalité humaine quotidienne. Il s’agit alors de passer d’un confinement non désiré à une rencontre transformatrice.
La rencontre qui transforme
La découverte simultanée de l’homme et de Dieu se réalise par excellence dans le Crucifié : la croix devient, par son silence, la parole la plus profonde sur Dieu et sur l’homme. Le regard posé sur le Christ, s’il est résignation pour les partisans de la «biologie religieuse», déçus dans leurs ambitions de vaine gloire sous le couvert du Roi-Messie, peut devenir une source d’humanité et de divinisation, car en Lui, la vue transforme le monde, et même la divinité, en une «fenêtre» : le Côté transpercé.
Cette expérience contemplative qui, à la Création, permit à Adam, dans une synthèse poétique, de découvrir dans la compagne que Dieu lui façonna, la réponse à sa soif d’être et à son désir de complétude, trouve dans le Crucifié l’expression du sens et de l’accomplissement de ce désir d’être, manifesté par le don de soi. Le Crucifié, par son attrayant regard compatissant, nous donne alors de comprendre que nous ne devenons quelqu’un que lorsque nous naissons à l’humanité, c’est-à-dire, lorsque nous comprenons que nous sommes des êtres qui se reçoivent pour se donner totalement. La contemplation nous décentre alors de nous-mêmes pour que nous ne soyons plus que pro-jection vers l’autre.
De ce fait, si le regard nous introduit dans la connaissance distincte de l’autre, il nous permet ainsi de pouvoir célébrer la rencontre avec les autres tout en réfléchissant avec eux sur le sens de la vie. Le crucifié, grand thérapeute du regard, parce qu’il se donne totalement pour notre salut entre dans l’éternité de notre existence et nous enseigne ainsi la voie d’une existence qui n’entrera jamais dans le registre des feuilles mortes de l’histoire, mais sera toujours mémoire vive et vivifiante de celle-ci.
Un corps qui chante l’éternité
Si l’homme nait en nous de la rencontre avec Dieu, tout notre être devient le berceau de la divinité et notre corps l’orchestre divin qui dans une symphonie harmonique dit l’humanité dans la mélodie des gestes simples du quotidien. Il devient alors claire que nous ne serons jamais ce que nous faisons, même si ce que nous faisons peut gagner une empreinte théologale d’éternité, si nous devenons des personnes, tendrement caressées au quotidien par le vent d’éternité.
Le cœur à cœur avec le Crucifié transforme notre regard et nous fait naître à un sens nouveau de l’existence où l’être, la gloire et l’éternité s’enracinent dans le don de soi, l’accueil, le partage de telle sorte que le labeur quotidien, à la recherche d’un espace de sécurité, soit toujours simultanée avec l’offrande de nous-mêmes comme espace de générosité.
Ainsi, aux côtés d’une culture de l’efficacité, du rendement et du succès qui tue en nous l’humanité, notre capacité d’être personne, d’être un espace éternel et irremplaçable de générosité, en nous réduisant à une chaîne productive dans un système compétitif, fait de harcèlement, d’auto-exigence, voire d’aliénation suicidaire, il est urgent d’offrir une culture de l’amour gratuit, désintéressé et total[16], qui nous humanise par la dynamique du don de soi[17], dont la croix est l’expression parfaite.
Redécouvrir le travail comme lieu d’humanisation serait une nécessité pour que la rencontre entre le désir adamique de complétude qui marque notre existence humaine dès le berceau maternel et le désir de se donner, qui nous fait naître à l’humanité en contemplant le Crucifié favorise le jaillissement de l’humanité en nous pour que nous soyons, au fil du temps, des personnes dont le parfum de l’existence demeure toujours attirant.
Il nous semble que cette harmonie nécessaire et urgente, puisqu’elle doit partir de la contemplation du Crucifié, trouve dans la Spiritualité du Sacré-Cœur un chemin efficace.
La spiritualité du Sacré-Cœur, parce qu’elle prend source dans la contemplation du Crucifié à partir de son côté transpercé (Jn 19, 34), se traduit, selon l’intuition du P. Jean Léon Déhon[18], fondateur de la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus, par la dévotion et l’engagement social et sociétal[19] au service des autres. Cette harmonie fait qu’elle soit, avant tout, une pédagogie du regard et la dévotion qui en découle un véritable laboratoire de rencontres intimes où le regard transforme le cœur et renouvelle la grammaire de l’expérience humaine quotidienne.
Vouloir devenir quelque chose lorsqu’on peut devenir quelqu’un sera toujours un choix suicidaire, un échec de notre vocation primordiale et un anéantissement progressif de l’humanité au profit de la chosification. Toutefois, avoir un grand désir de gravir les échelons, un désir de réalisation personnelle et de noblesse ecclésiastique ou sociale, comme manifestation extérieure d’une humanisation progressive, peut être divin si cela jaillit du silence avec soi-même et est marqué de la rencontre avec le Crucifié, pour un renouveau total du projet de société.
Notre existence étant toujours menacée par le risque d’une chosification, qui nous réduirait tous à la même réalité de laboratoire pour un meilleur discours scientifique, cette étude crée en nous une autre soif : comment devons-nous parvenir, concrètement, à cette humanisation au quotidien ? En quoi la Spiritualité du Sacré-Cœur contribuerait-elle à mieux résoudre la crise actuelle de l’humain en respectant la complexité propre à chaque personne et à chaque réalité sociale dans un monde sans cesse en mouvement ? Il devient donc important de rechercher des voies qui permettraient à tout homme de faire ce chemin d’humanisation, mais aussi au monde entier, afin que soit déployer notre puissance d’humanité contre toutes les menaces de destruction ou de réduction de l’humanité en l’homme.
Bibliographie
ANIKPO, D., La méga-économie : revoir le développement, L’Harmattan, Paris, 2004.
CONCILE VATICAN II, Constitutio dogmatica de ecclesia (LG 1), édition intégrale définitive, préface de Giuseppe Alberigo et traduction de Raymond Winling, Cerf, Paris, 2012.
DEHON, L. J., «La situation actuelle et les causes du malaise social» in Congrès national de la Démocratie chrétienne. Compte rendu organisé par «France Libre», Lyon, Imprimerie Monsieur Paquet, 1897.
DEHON, L. J., Études sur le Sacré-Cœur de Jésus, Desclée de Brouwer & Co, Paris, 1922.
FRANÇOIS (Pape), Dialogue avec les évêques du Japon, 23 Novembre 2019.
GERAUD, G., Maurice Zundel : ses pierres de fondation, Anne Sigier, Canada, 2005.
LEDURE, Y., Spiritualité du Cœur du Christ : ils regarderont celui qu’ils ont transpercé, Nouvelle Citée, Bruyères-le-Châtel, 2015.
LEDURE, Y., «Léon Dehon entre mythe et histoire. L’oubli du sociétal ?» in Dehoniana (2012).
TOLENTINO MENDONÇA, J., A mística do instante: o tempo e a promessa, Paulinas, Prior-Velho, 2014.
WOLFF, F., Notre humanité. D’Aristote aux neurosciences (collection : histoire de la pensée), Fayard, Paris, 2010.
ZUNDEL, M., L’homme existe-t-il ? Éditions du Jubilé, France, 2004.
[1] Cf. ANIKPO, D., La méga-économie : revoir le développement, L’Harmattan, Paris, 2004. Cet auteur part du constat que le modèle économique néo-classique est une cause du sous-développement durable perpétuel que connait l’Afrique et tous les pays sous-développé et propose une modèle qui pourrait permettre que l’économie mondiale serve le bonheur du genre humain.
[2] Cf. ZUNDEL, M., «Biologie religieuse et mystique ecclésiale», in GERAUD, G., Maurice Zundel : ses pierres de fondation, Anne Sigier, Canada, 2005, 54.
[3] ZUNDEL, M., «Qu’est-ce que l’homme?», in GERAUD, G., Maurice Zundel : ses pierres de fondation, Anne Sigier, Canada, 2005, 227.
[4] CONCILE VATICAN II, Constitutio dogmatica de ecclesia (LG, 1), édition intégrale définitive, préface de Giuseppe Alberigo et traduction de Raymond Winling, Cerf, Paris, 2012,67.
[5] Cf. ZUNDEL, M., «Biologie religieuse et mystique ecclésiale», in GERAUD, G., Maurice Zundel : ses pierres de fondation, 53.
[6] Dans la suite lorsque nous parlerons de spiritualité du Sacré-Cœur faudra bien entendre qu’il s’agit du Sacré-Cœur de Jésus.
[7] ZUNDEL, M., L’homme existe-t-il ? Éditions du Jubilé, France, 2004, 74.
[8] Cf. TOLENTINO MENDONÇA, J., A mística do instante: o tempo e a promessa, Paulinas, Prior-Velho, 2014, 15-16.
[9] ZUNDEL, M., «Dieu est devant nous», in GERAUD, G., Maurice Zundel : ses pierres de fondation, 139.
[10] DEHON, L., «La situation actuelle et les causes du malaise social» in Congrès national de la Démocratie chrétienne. Compte rendu, organisé par «France Libre», Lyon, Imprimerie Monsieur Paquet, 1897, 122.
[11] IDEM, 124.
[12] Cf. WOLFF, F., Notre humanité. D’Aristote aux neurosciences (collection : histoire de la pensée), Fayard, Paris, 2010, 383 pages.
[13] L’éternité ici est comprise comme la fidélité à la PAROLE, celle qui est créatrice du SENS et recréatrice d’horizons. Ainsi, la mort n’est conçue ni comme une fin ni comme un passage, mais comme le cachet de la marque déposée de toute existence qui, soit tombe dans l’oubli propre de la logique des clients du supermarché dont personne ne s’en souvient ni du visage ni du nom, soit demeure vivante en toutes les générations par le Sens qu’elle projeta. De ce fait, l’unique frayeur qui vaille la peine est celle de vivre pour tomber dans l’oubli.
[14] Cf. ZUNDEL, M., «L’Homme n’existe pas encore», in GERAUD, G., Maurice Zundel : ses pierres de fondation, 13.
[15] ZUNDEL, M., «L’Homme n’existe pas encore», in GERAUD, G., Maurice Zundel : ses pierres de fondation, 15.
[16] Cf. Pape François, Dialogue avec les évêques du Japon le 23 Novembre 2019.
[17] Cf. LEDURE, Y., Spiritualité du Cœur du Christ: ils regarderont celui qu’ils ont transpercé, Nouvelle Cité, Bruyères-le-Châtel, 2015, 37.
[18] Cf. DEHON, L. J., Études sur le Sacré-Cœur de Jésus, Desclée de Brouwer & Co, Paris, 1922.
[19] Cf. LEDURE, Y., «Léon Dehon entre mythe et histoire. L’oubli du sociétal ?» in Dehoniana (2012).