25 mars 2021
25 mars 2021

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Interview avec la Sr. Benita Gamallo, Supérieure Générale des Servantes du Cœur de Jésus.

par  Stefan Tertünte, scj

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Nous célébrons aujourd’hui la fête de l’Annonciation. Pour votre congrégation, c’est une date spéciale, pourquoi ?

C’est important pour nous parce que notre fondatrice Oliva, qui en tant que religieuse s’appelait Marie du Cœur de Jésus, est née un 25 mars, et elle a vu dans cette date, dans cette coïncidence, un signe divin qui annonçait déjà la vocation à laquelle elle était appelée. C’est pourquoi notre Congrégation, comme la vôtre, je crois, se résume à Ecce venio et Ecce ancilla.

Parlons un peu de votre fondatrice que notre fondateur, le père Dehon, appelait toujours “la chère mère”. Pour notre congrégation, pour le père Dehon, elle était une personnalité très importante, très forte et très spirituelle. Comment voyez-vous cette personnalité aujourd’hui ?

Pour notre Congrégation et pour chacun d’entre nous, il existe un lien très fort avec notre fondatrice car tout commence par son expérience de foi, qu’elle a su nous transmettre, un charisme, en fondant cette famille religieuse. Nous savons que le charisme est quelque chose de vivant, et comme tout ce qui est vivant peut changer et se développer. Nous continuons à nous référer à cette forte expérience de foi de notre fondatrice, nous essayons d’adapter ce charisme aux défis d’aujourd’hui. Mais elle reste toujours le point de référence, le point de départ.

L’évolution de la compréhension du charisme est également visible dans le nouveau site de la Congrégation que vous avez récemment ouvert sur www.servantesducoeurdejesus.com. En lisant les textes sur le site, je me rends compte d’une très forte proximité charismatique entre nos congrégations. Serait-il possible de nous parler très brièvement des mots clés de votre charisme ?

Je commencerais par la spiritualité du Cœur de Jésus. Pour nous, c’est le cœur ouvert dans lequel nous voyons cette tendresse de Dieu pour l’homme. C’est vraiment fondamental. Cet amour miséricordieux que nous sommes appelés à partager et à répandre parmi les gens aujourd’hui. Ensuite, nous avons l’adoration. L’adoration, pour nous, n’est pas une dévotion, c’est une mission. C’est la mission principale que l’Église nous a confiée. Aussi longtemps que notre Congrégation durera, nous devrons répondre à cette mission. L’adoration est vécue de différentes manières, en fonction de la communauté. Il peut être vécu en commun, tous ensemble, il peut être vécu pendant une soirée entière ; quand une sœur adore après une autre, peu importe. L’important est que cette fidélité soit quotidienne. L’adoration est le prolongement de l’Eucharistie, laissant Jésus poursuivre en nous la mission d’être une offrande (oblation) et de présenter au Père les besoins, les joies, les souffrances, toute notre humanité. Voilà, en quelques mots, le sens de l’adoration pour nous.

La réparation, pour nous, est l’attitude d’accueil de l’amour de Dieu, la réponse à cet amour, sachant que nous répondons à partir de l’amour reçu. Cette réparation est importante pour nous car nous savons qu’il n’y a pas de médiateur, pas de plus grand réparateur que le Christ. Cette acceptation, cette réparation, difficile à expliquer au monde d’aujourd’hui, ne trouve son sens qu’à la lumière du mystère de la rédemption. C’est ce que Jésus a réalisé et nous entrons dans ce mouvement rédempteur. Et ici intervient un mot très important, l’oblation. Cela signifie, comme pour vous Dehoniens, cette union profonde avec Jésus, unis à lui, entrant dans ce mouvement de rédemption qu´il a déjà accompli pour nous. Nous l’accueillons, nous entrons dans ce mouvement et nous le partageons avec ceux qui nous entourent. C’est à partir d’ici que notre apostolat se développe, il y aurait beaucoup à dire, et c’est très actuel.

En vous écoutant, il me semble entendre une introduction à la spiritualité dehonienne, ces mots d’adoration, d’amour, de réparation, d’oblation, d’apostolat, sont aussi des mots clés pour nous dans notre charisme. Une dernière question : les relations entre les deux congrégations se poursuivent-elles aujourd’hui ?

Oui. Cela dépend beaucoup de l’endroit où l’on se trouve. Par exemple, j’ai été formatrice pendant 15 années au Cameroun, je sais que dans votre noviciat on parle beaucoup des Sœurs Servantes, et nos Sœurs interviennent dans votre noviciat. Que ce soit en Espagne, en France, où que nous soyons, nous avons une relation forte avec les Dehoniens. En Espagne, il est très normal de parler de “nos sœurs” comme de “nos frères” – et nous nous entraidons. Et je profite de l’occasion pour saluer la mémoire du Père Bourgeois qui nous a tant aidés, du Père Perroux, du Père Conrath qui continue à nous aider – mais il y a beaucoup d’autres Dehoniens qui sont importants pour nous.

Je crois que notre défi est de mieux nous connaître et, surtout, de collaborer davantage afin d’approfondir notre spiritualité et notre charisme, dans la mesure où nous l’avons en commun. Ce serait un signe important pour aujourd’hui.

Soeur Benita, merci d’être avec nous, merci pour cette interview. Et bonne fête de l’Annonciation.

Je vous remercie également. Et sachez que notre Maison Généralice est toujours ouverte à vous tous !

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