Le chemin vers l'unité est un exercice de toute une vie, aussi indispensable pour la congrégation
La Congrégation des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus veut que tous ses membres redécouvrent le sens de l’unité. Le chemin de l’unité est indispensable à la construction de la paix dans le monde et aussi dans notre congrégation aujourd’hui.
Note : L’article provient des commissions théologiques continentales de la congrégation en préparation du XXVe Chapitre général.
Le chemin de l’unité a toujours été voulu par les gens d’esprit épris de la paix et le développement du monde. Dans ce contexte où bon nombre de gens se rejettent mutuellement, et où les frontières tribales, ethniques, régionales, continentales etc… semblent se renforcer au détriment d’une intégration effective, il urge d’entrer dans la mouvance de l’unité. Il faut d’amblée le dire : l’unité est la clé de tout succès, de toute réussite, voire de la paix. Sur le chemin de l’unité, s’impose l’impératif de toujours tenir compte de la personne humaine dans tout agir. De cette importance de l’unité, dehoniens que nous sommes, devons opter alors pour l’unité de la congrégation, de l’Eglise et du monde pour sortir de ses crises qui les étranglent nuit et jour. Ainsi il convient de souligner le dialogue comme élément important de cette marche d’ensemble.
En fait, comme on peut dire que toute tribu doit rester ouverte au dialogue avec les autres tribus, autant on peut dire que tout membre de la congrégation dehoniènne doit rester ouvert au dialogue avec les autres membres. En effet, le dialogue comme action intérieure, se manifeste à travers la relation que l’homme entretient avec son semblable par la parole, voire la communication. Il faut dire que le dialogue est essentiellement une reconnaissance de la valeur infinie de l’autre et ne relève pas de l’intellectualisme. Selon Martin Buber, « le dialogue ne peut pas être réduit aux rapports ou aux communications que les personnes ont les unes avec les autres, pour quelque objet que ce soit, mais il est un comportement des hommes l’un à l’égard de l’autre, un comportement que leurs relations ne font juste que représenter »[1]. Dans une relation, les hommes en dialogue sont tournés l’un vers l’autre.
Certes, dans cette ouverture, la clarté des diversifications et la franchise dans les vérités culturelles n’empêchent pas le respect et le dialogue. La tolérance s’avère une vertu par excellence qui doit toujours régner dans un dialogue interprovincial, interrégional, intertribal, interpersonnel,… Il faut le dire comme l’affirmait déjà Debetz Gerghi, in le Courier de l’UNESCO, par-delà tout, « il y a qu’une seule race, la race humaine »[2]. Et s’il y a qu’une seule race, la race humaine, nous avons à nous conduire en frère à l’égard de tous. On ne saurait donc dissocier la relation envers soi-même et la relation aux frères humains. Ainsi donc, si les hommes de ce monde se reconnaissaient frères en dignité, il leur deviendrait plus facile de dialoguer pour le but de construire un monde meilleur. Ainsi donc, nous devons dialoguer pour le but de construire une congrégation meilleur.
Le chemin de l’unité est en fait indispensable à la construction de la paix dans le monde, voir dans notre congrégation aujourd’hui. De ce fait, il mérite d’être considéré comme une nécessité absolue et une aspiration profonde de la race humaine. Il faut rappeler qu’avant qu’il soit un discours, le chemin de l’unité est une réalité liée à l’homme en général. C’est dans cette perspective qu’Aristote disait dans les politiques, « l’homme est un animal politique ». L’homme dans son essence, est un être avec, ouvert à l’autre. Ainsi, l’unité trouve une véritable place dans la solidarité de nos différentes provinces dehoniennes. Il s’agit d’un présupposé anthropologique à redécouvrir aujourd’hui.
Par ailleurs, le chemin de l’unité, étant un exercice qui dure toute la vie, comporte des exigences et des obstacles dont on ne pourra se passer si on le veut authentique et fructueux. Il exige des protagonistes, des dispositions psychologiques capables de susciter une attitude d’interlocuteurs, une ouverture qui renvoie à la découverte de l’altérité, une modestie pour faire route ensemble dans la sympathie qui puisse rendre possible une vraie compréhension réciproque. En principe, l’unité comporte la conscience de son identité personnelle et la reconnaissance de l’interlocuteur. Par conséquent, chaque dehonien doit entrer dans l’expérience de l’autre afin de le comprendre de l’intérieur. C’est dans cette façon où nous sommes appelés de vivre le thème qui porte notre chapitre général : « appelé à être Un dans un monde en transformation ». Le souci de l’unité dehonienne est de retrouver l’unité telle que voulue par le Seigneur. Il en va de même de la crédibilité du témoin : « que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17,21).
Tout compte fait, il nous faut donc dire que tant que le malheur de certains sera condition du bonheur des autres, l’unité sera toujours un projet et jamais un déjà-là ; tant que la misère de certains sera la condition de richesse des autres, l’unité restera un mythe. Ainsi chers frères, notre unité comme dehonien, doit être une unité de cœur et d’esprit. Nous devons croire qu’une intelligence plus profonde nous conduira à une compréhension commune de la volonté du Christ, et nous devons prier Dieu de bien vouloir en sa miséricorde, abréger les jours de notre séparation et nous guider, par son Esprit, vers la plénitude de l’unité[3].
[1] M. BUBER, La vie en dialogue, Paris, Aubier-Montaigne, 1938, p. 112
[2] GEORGHI F. DEBETZ, Les Races, In « le Courrier de l’UNESCO : Une fenêtre sur le monde », 1965, XVIII, 4, p. 4-7.
[3] Cf. FROST, F., L’Œcuménisme, Letourzey et Ane auditeurs, Paris, 1984 p. 20.